Société

Laïcité : à la cantine, des menus « sans viande » pour plaire à tous

Rédigé par Pauline Compan | Lundi 9 Janvier 2012 à 00:00

Pendant longtemps, les cantines de France se sont bornées à proposer le fameux menu « avec ou sans porc ». Désormais, cette accommodation est largement remise en question. Elle entretient une segmentation des enfants et ne satisfait pas des exigences alimentaires plus larges. A Lyon, sous l’impulsion de la mairie et de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), une concertation a été menée pour définir les bases d’une cantine laïque, républicaine et non discriminatoire. Résultat, plus de 2 000 enfants sont revenus à la cantine pour partager ensemble des repas avec ou sans viande.



Une concertation de presque un an entre des représentants des parents d’élèves, des syndicats de professionnels des cantines, des associations des droits de l'homme, la mairie et des représentants des différentes religions, a finalement abouti à Lyon.

Sans pression et sans obligation de résultats, le groupe a réussi à dégager une solution consensuelle pour ramener à la cantine les presque 30 % des élèves qui l’avaient désertée. Au final, la solution d’un repas sans viande, avec des œuf, du fromage ou du poisson en complément d’un repas avec viande, semble être une solution laïque appropriée pour satisfaire les habitudes alimentaires du plus grand nombre. Une bonne pratique rapportée par le Guide pratique de la laïcité.

Une solution idéale ?

Les retours du terrain concernant l'introduction d'une viande halal dans les réfectoires n'étaient en effet pas positifs. Ce type de procédé introduit une « segmentation » entre les enfants d'après les équipes du Guide pratique de la laïcité. De plus, cette solution n'est pas satisfaisante pour les enfants végétariens ou les familles appartenant à d'autres confessions. Il faut également signaler que cette pratique peut entraver la liberté de conscience des enfants en obligeant ceux qui sont issus de famille de culture musulmane à manger halal alors qu'ils n'en éprouvent pas le besoin.

Ce type de pratique peut être associé à un « accommodement raisonnable » envers une confession particulière. Une situation qui ne paraît pas souhaitable. Dans ces conditions, un choix entre deux menus apparaît comme l'option la plus satisfaisante. « Avec ce procédé, on agrandit la norme universelle pour prendre en compte la diversité. c'est une intégration des différences dans la norme commune et, au final, cet agrandissement profite à tous », explique Dounia Bouzar, consultante sur le Guide pratique de la laïcité.

Dans le cas de la ville de Lyon, le procédé a déjà permis de faire revenir à la cantine presque 2 000 enfants. Autre avantage, un repas complet « sans viande » ne revêt pas de signification religieuse et peut être partagé par des enfants végétariens, athées ou de toutes confessions. « Les personnes végétariennes étaient d'ailleurs très enthousiastes dans le groupe de concertation », continue Dounia Bouzar. Un enthousiasme partagé par les nutritionnistes. Une consommation limitée de viande participant à un bon équilibre alimentaire.

Sans surcoût

Une des inquiétudes émises par le groupe de concertation concernait le coût de l'ajout d'un repas supplémentaire au menu des cantines. « La commission avait pris l'engagement que cela n'entraînerait pas de coûts prohibitifs. Il en a résulté un coût strictement identique pour les repas avec viande et les repas sans viande, car la négociation résultant du renouvellement du marché a permis de proposer ce choix sans coût supplémentaire », précise les rédacteurs du Guide pratique de la laïcité.

Autre avantage pour les familles bénéficiaires : la possibilité de moduler les menus de leurs enfants suivant le planning des menus, délivré à l'avance.

L'exemple de Lyon est en tout cas en train d’intéresser d'autres communes. L’Association des maires de France a déjà pris connaissance des résultats affichés par les cantines de Lyon.